R&D : en finir avec la tyrannie du « Time To Market » (TTM)

C’est la direction d »Energy Management » qui met les pieds dans le plat, au CSE de Grenoble ce 18 janvier : « Le premier problème de la communauté R&D, c’est l’obsession du Time To Market ». Cette déclaration résonne comme un coup de tonnerre, alors que le pilotage des équipes par les délais est quasiment entré dans notre culture d’entreprise. Pour la Cfdt, il est salutaire de questionner enfin ce paradigme.

Le délai : l’éternel mauvais point des équipes

L’objectif de délai est souvent fixé par le management en début de projet. Il peut être arbitraire, quand il correspond à la volonté du manager de « mettre la pression » à ses équipes. Il peut correspondre à un besoin exprimé par le commerce : « commitment client ». Il peut aussi résulter d’un « scénario probable » élaboré par le management, au vu d’une charge supposée et de la capacité de l’équipe. Dans ce scénario probable, les risques sont souvent minimisés.

On est donc là bien loin de la « méthode Agile » supposément en vigueur. La réalité rattrape vite les équipes : rien ne se passe comme prévu, des difficultés de tous ordres se présentent, le fameux délai n’est jamais tenu : mauvais point!

L’obsession du TTM renvoie à chacun un constat d’échec, un message dévalorisant « tu es en retard, tu es mauvais ». Elle installe un ressenti de stress, de précipitation, une perte de repère et de sens – alors que le résultat final est bien là!

Le délai au détriment du reste

Les équipes R&D ont d’autres objectifs que les délais ; en particulier, assurer la qualité, entretenir les compétences. Quand le délai devient l’obsession, la question des compétences est vite oubliée; et les risques qualité peuvent glisser sous le tapis. Cela peut générer une « dette technique » qui peut prendre des ampleurs sans relation avec l’intérêt du délai.

Bonus lié au délai : un mécanisme de corruption des managers?

On se dit que nos managers sont des gens sérieux, réalistes, compétents, capables de « faire la part des choses » et de s’adapter. Oui mais… S’il y a une grosse somme d’argent à la clé, est-ce que c’est toujours vrai? Car STIP et LTIP sont bien souvent définis en termes de délais à respecter (et plutôt à court terme), cela aussi est entré dans la culture d’entreprise.

L’obsession des délais est dangeureuse, pour les salariés, les équipes, et pour l’entreprise. La Cfdt se félicite de la prise de conscience exprimée par la direction d’Energy Management, et attend à présent un changement en profondeur de la gouvernance des équipes R&D, y compris chez Industrial Automation. Atteindre la pleine valeur ajoutée de notre transformation « Agile »?