Déclaration Cfdt sur les mesures économiques (Livre II) des PSE* MT

* PSE  Plan de Sauvegarde de l’Emploi.

Monsieur le Président,

La Cfdt a été désagréablement surprise de l’annonce d’un triple PSE sur l’activité Moyenne Tension touchant fortement plusieurs sites français avec plus de 370 postes sacrifiés, impactant directement des salariés investis depuis des années.

Tous nos échanges et toutes nos questions, en CSEC ou en CSE des établissements,  sur l’activité MT depuis plusieurs mois voire années, n’ont servi à rien.

Les élus Cfdt ont alerté régulièrement le management sur la gestion économique, industrielle et technologique de l’activité ainsi que sur son manque de vision et de stratégie.

Le résultat est affligeant et très inquiétant pour l’avenir de la MT en France (voir en  Europe, tous métiers confondus), sachant que vous aviez programmé ces PSE depuis  plusieurs mois. Une fois de plus Schneider Electric va faire payer à ses salariés français  ses erreurs de management.

Au niveau mondial, la société se porte bien puisqu’elle a relevé ses objectifs de résultats  régulièrement depuis quelques années. Donc du temps supplémentaire pouvait tout à fait être accordé pour traiter ce lourd dossier PSE autrement.

Schneider gagne des milliards d’euros chaque année, sa profitabilité est stable depuis  2006 (autour des 15%), et avec des perspectives à 17% d’ici 2022. De plus, depuis 2004  la croissance du dividende est plus forte que la croissance du CA, ceci au détriment des  investissements (et des efforts des salariés), alors que nous sommes dans un monde en  forte mutation. Mais de ceci, les actionnaires ne s’en plaignent pas !

Le management de Schneider, de Energy Management, et de Power System doit se  remettre en cause concernant ses développements stratégiques et leur façon de gérer  l’emploi. Bien que le ratio R&D / CA progresse de 0,8% depuis 2010, le pourcentage de  R&D de nos principaux concurrents progressent plus vite que celui de Schneider. Depuis  2014 les efforts de R&D et d’investissements industriels sont inférieurs à nos principaux  concurrents.

Les GPEC passées, en cours, à venir, et les PSE ne doivent pas devenir la norme du  groupe pour accompagner les régressions économiques et sociales en France. Pour  preuve, depuis 10 ans Schneider a fermé 13 sites en a vendu 2, et près de 7000 emplois  ont disparus du groupe en France. Le manque d’ambition sur la formation de son  personnel pour passer le cap des évolutions technologiques est malheureusement  flagrant.

Vous avez tenté d’argumenter vos PSE Moyenne Tension sous plusieurs angles :

1) En nous comparant à nos concurrent ABB et Siemens.

Vous avez expliqué qu’ils avaient trois grandes usines de production de cellule MT en Europe :

-Portugal, Turquie, Pays-Bas pour ABB.
-Allemagne, Turquie, Italie pour Siemens.

L’exemple de nos concurrents serait une des premières raisons pour laquelle vous rationnalisiez la MT en France. Mais quid des usines Schneider de cellules MT en Italie, en Espagne, en Hongrie, au Royaume Uni, en Suède, en Allemagne, en Turquie et en France (notamment SCFME) ? Nos collègues Européens peuvent avoir du souci à se faire.

En 2016 vous disiez que l’offre du groupe était considérée comme compliquée, avec  différentes technologies (vide, gaz) issues d’Areva, dont les deux gammes ont été  ajoutées à celle historique du groupe. Cela entraînait des coûts en termes de gestion de  gamme et de flux industriels, ce qui pénalise la BU face à des concurrents mono-gamme  comme ABB.

Plus de 10 ans après le rachat de Areva quels en sont les résultats ?

Vous estimiez avoir rationalisé les offres MC500 et Fluokit M24 qui étaient redondantes avec le NS500 et le SM6.

Mais rien n’a été fait sur les rationalisations de gammes

-MCSet / Pix, avec des ordres et des contres ordres sur la stratégie , qui  nous ont fait perdre beaucoup de temps et d’argent.

-Sepam – Micom avec le projet fusion : il y a eu de telles erreurs technologiques sur  Easergy, que cela a conduit à des retards et des coûts importants pour Schneider.

-Pour le SM6, Schneider n’a pas voulu répondre à la norme HN sortie il y a 10 ans,  pensant qu’avec sa notoriété on passerait outre celle-ci, espérant encore une  évolution de la norme pour passer deux paliers techniques. Mais il n’en a rien été.

Schneider a trop attendu pour faire évoluer son produit et se retrouve interdit  d’installer son SM6 sur le Réseau Enedis.

Attend-on maintenant le SM6 Free pour peut-être pouvoir revenir sur le marché  des clients privés raccordés au réseau Enedis ?

-Pour les gammes RM6 / FBX rien n’a été fait encore.

2) L’argumentaire économique s’appuie aussi sur la construction d’une problématique  franco-française sans rapport avec les processus organisationnels et de gestion qui  prévalent au sein du groupe. Or, il n’en est rien ! L’analyse de notre Expert Syndex a montré que la rentabilité de la Moyenne Tension en France est du même niveau que de celle de Power System au niveau mondial. De votre côté, vous nous avez dit que c’est seulement grâce aux Services que cette rentabilité est faite au niveau du reste du groupe ? Nous avons un gros doute…… Il y a aussi beaucoup à redire sur les services Moyenne Tension (dû aux organisations  de travail des différentes entités).

Depuis 2015 vous avez mis en œuvre différentes mesures qui ont dégradées  progressivement la rentabilité et la charge des usines françaises au profit d’autres usines  du groupe (Turquie, Indonésie, Egypte et d’autres pays encore) pour en arriver à ces 3  PSE sur les usines de SEEF Lattes, de EMT Fontanil et Merlin Gerin Loire Saumur.

La baisse de la charge des sites français dans leur globalité est à comparer à l’évolution  de la charge des autres sites de production du groupe, en particulier ceux situés dans les  pays à bas coût de main-d’œuvre.

a)On constate une croissance de la production des cellules primaires sur 2015-2019  et des heures de production des sites AIS primaires. Les évolutions de charges  qui sous-tendent une partie de l’adaptation des effectifs depuis 2015 ne dépendent  que des effets des décisions d’affectation des volumes à produire, les fluctuations  des marchés adressés par les usines françaises ne jouant in fine qu’à la marge.

b)Le regroupement de toutes les gammes Primaire sur EMT (F400 de MGL, PIX et  NS500 de Macon et transfert à Macon du SM6) ont pénalisé les résultats de EMT.  Les grosses difficultés, pour les salariés de EMT, d’obtenir les informations  nécessaires à la bonne gestion industrielle technique et commerciale de ces  gammes durant plusieurs mois. Alors que le professionnalisme des salariés de  EMT a été exemplaires sur la formation et le soutien des salariés de Macon sur la  gamme SM6.

c)Le non-transfert du MCSet 4 sur EMT a eu pour conséquence le manque  important de chiffre d’affaires qui était initialement prévu. Pour mémoire, près de  1300 cellules par an sont fabriquées en Egypte pour cette gamme aujourd’hui.

d)Les plans Rebound 1 et 2 visant à la sélectivité des affaires, ont permis de  redresser le taux de profitabilité des activités MT du groupe. Mais cette stratégie  a eu des conséquences importantes pour les sites industriels (dont EMT) des  activités en redressement, avec une baisse significative des charges depuis plus  de 2 ans.

e)La commercialisation de Easypact Exé : Seule la Turquie a pu commercialiser ce  disjoncteur, 20% moins cher que le précédent. Ceci leur a permis un avantage  économique et concurrentiel fort par rapport à EMT, grâce au prix de vente des  MCSet. Vous avez encore accéléré la fin de EMT avec ces avantages donnés à  la Turquie.

f)Depuis plusieurs semestres, vous avez régulièrement modifiés les matrices  d’allocation des pays dont les usines françaises avaient la responsabilité de livrer.  EMT a perdu des pays qui étaient de sa responsabilité et n’a gardé pratiquement  que le Luxembourg le Vatican et quelques autres pays, ne permettait plus une activité couvrant les charges fixes de l’usine. Ceci a été l’exemple clair de votre volonté de voir EMT péricliter.

Ce sont ces différentes mesures que vous avez mises en place depuis près de 6 ans  en France qui ont conduit à des pertes de rentabilité, et que vous avez prises comme  prétexte pour rationaliser les usines Moyenne tension en France.

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En conclusion :

Par ces PSE, vous délocalisez à l’étranger 40% des productions des sites français concernées et comble du dossier, vous minimisez vos délocalisations en prenant dans vos ratios l’ensemble de la production Moyenne Tension faites en France.

Nous Cfdt  ne partageons pas votre pessimisme sur la situation économique de l’activité, nous ne partageons pas l’urgence à prendre des décisions aussi drastiques par 3 PSE, nous ne partageons pas les organisations que vous voulez mettre en place.

Comme la Cfdt l’a déjà dit, faute de vision économique et stratégique claire et par manque d’ambition sur l’emploi en général, nous donneront un avis défavorable sur le projet et les conséquences de réorganisation du PSE via Livre 2 car votre argumentaire économique n’a pas de perspective claire sur la MT. Ce constat est d’ailleurs décrit dans le rapport de notre expert Syndex.

A savoir :
Les mesures sociales (Livre I) des PSE EMT SEEF et MGL ont été validées par les Organisations Syndicales représentatives du personnel, dont la Cfdt.