Non mais… c’est qui le patron ici !

Malgré des résultats records et des objectifs de croissance annuels revus à la hausse, Schneider Electric change de patron sous l’impulsion de Jean-Pascal Tricoire, président du conseil d’administration.
Quelle que soit la – ou les raisons – de cette éviction surprise, la CFDT s’interroge sur ce qui vient de se passer…

Toutes nos félicitations à Olivier Blum !

Cadre de longue date au sein de Schneider Electric (plus de 30 ans dans l’entreprise) et membre du comité exécutif depuis 2014, Olivier Blum a occupé plusieurs postes à responsabilités en Chine, en Inde, à Hong Kong et à Dubaï. Il remplace donc Peter Herweck, qui était en poste depuis 18 mois seulement, au pied levé. Il parait qu’il était déjà pressenti à l’époque ! En tout cas, bravo pour cette nomination comme nouveau directeur général du groupe !

ETait-ce une erreur de casting ?

Il a fallu du temps pour sélectionner et nommer l’ancien CEO du groupe. Pourtant, selon les propos de la direction, il semblerait qu’il ne posséderait pas toutes les qualités attendues. Son éviction soudaine nous surprend et nous interpelle quant à la rigueur du processus de sélection initial… Ou alors, nous n’aurions pas été suffisamment attentifs aux petites alertes, et ce serait en préparation depuis au moins le mois d’avril ! Voir depuis le début,… c’est moche ! Cependant, tout semble bien se terminer : tout le monde remercie Peter Herweck, qui ne partira sans un peu d’argent de poche… pour une belle retraite.

Mais que s’est-il donc passé ?

On peut lire dans la presse que la cause principale de ce départ serait une divergence sur la feuille de route stratégique, avec des prises de décisions trop lentes et un management solitaire. Une presse informée directement par les sages de notre direction.

A la CFDT, nous nous sommes interrogés sur ces pistes, sans trouver de raison probante : l’échec du rachat de Bentley software ou d’Altair (qui est passé sous pavillon Siemens), les mauvais chiffres de Industrial Automation avec une stratégie très disruptive qui a asséché sa R&D sur les produits standards, … ? Ce qui est bien plus surprenant, c’est qu’il n’y a aucun changement de cap avec le nouveau patron…

Tout ceci ressemble bien à une simple guerre d’égo. Et Olivier Blum semble bien avoir eu tous les as dans sa main. Aussi, comment l’ensemble du conseil d’administration a t’il pu s’aligner unanimement ? Quelles sont les prérogatives de ses membres en matière de recrutement et de nominations aux postes clés ? Y aurait-il un problème d’adaptation à ce mode de gouvernance ?

La CFDT déplore que les organisations syndicales ne puissent siéger en tant que tel au sein de ce conseil d’administration.

Et bien alors, c’est quoi l’IMPACT ?

Suite à cette annonce et avec un bon timing de ce changement, le cours de la bourse ne semble pas avoir été impacté négativement. Les actionnaires seraient ils satisfaits du retour du vrai patron ?

Au bout du bout, ce qui dérange dans cette histoire, c’est le peu de respect des valeurs prônées par Schneider Electric au plus haut de nos instances dirigeantes ? Où classer cette décision dans IMPACT ? Et ce qui nous inquiète, c’est le faible attachement que semble porter par nos dirigeants à la France.

Cette scène ubuesque de changement de patron à la volée, nous rappelle ce vaudeville français : « les tontons flingueurs », qui mêle les conflits d’égo, le business et où tous les coups sont permis. Ce film contient notamment cette tirade :

« C’est jamais bon de laisser dormir les créances, et surtout de permettre au petit personnel de rêver. ” Les tontons flingueurs (1963)