Le secteur de la mobilité est responsable de près de 30% des émissions de carbone, sa décarbonation représente des défis colossaux…
Un marché en pleine explosion et si peu dans les cartons
Le marché de la borne électrique en France, c’est 120 354 points de recharge ouverts au public, avec un objectif de 400 000 points en 2030, et plus de 1,5 million de bornes de recharge pour les particuliers et les immeubles collectifs.
Que dire du marché mondial…
Les bornes Schneider Electric existent depuis plus de 10 ans déjà, nous les voyons dans les entreprises et chez quelques particuliers. Ce sont les EvLink !
Malgré l’avance de Schneider Electric sur les autres, ces bornes n’ont pas percé le marché… la tentative de production en masse à Riga, à moindre coût, n’a pas changé leur destin.
Alors l’année dernière, la direction est allée chercher les produits fabriqués par la concurrence et propose depuis les nouveaux EvLink Home directement avec l’entreprise chinoise Star Charge. Schneider Electric avait alors pris 1% de son capital pour voir !
Précurseur et visionnaire en 2011, qu’est-il arrivé à Schneider Electric ?
Au début, il y a eu l’idée. Une borne est un produit de technologie pointue pour notamment assurer la sécurité. Ça ne transforme pas le courant 220V alternatif des maisons en courant pour charger les batteries. Cette opération est dévolue à l’onduleur embarqué dans les voitures. Une borne, c’est un peu d’électronique qui communique avec la voiture pour lui attribuer une limite de courant, et des fonctions supplémentaires pour se démarquer de la concurrence, notamment la facilité d’installation et un design qui donne envie de l’avoir chez soi à la vue de tous.
Et dès le début, Schneider Electric a senti que ce marché avait des particularités singulières.
Les constructeurs de voitures électriques ont cherché à proposer eux-mêmes la borne collective et individuelle. Est alors venu le temps des recherches de nouveaux accords, avec par exemple BMW, qui n’ont pas porté.
Mais ce qui a posé le plus de problèmes à la stratégie commerciale, ce sont ces nouveaux installateurs de bornes spécialisés et les installateurs de panneaux photovoltaïques qui proposent directement la borne sans passer par les électriciens traditionnels. Le client final est conseillé par le vendeur de voitures ou cherche sur internet pour trouver des bornes à bas coût et tombe majoritairement chez des spécialistes.
A cette époque, la direction a préféré optimiser les coûts en restructurant les forces de vente en France. Ce projet a bien réussi, mais n’avons-nous pas raté quelque chose?
Beaucoup conviennent que le non développement de bornes DC était une erreur stratégique, certes… mais est-ce la seule ? Le véritable souci au niveau des produits est dû à des problèmes de conception lents à corriger et à la dynamique du marché qui se renouvelle à grand pas. Les bornes récentes sont connectables à différents services de domotique et ouverts. L’intelligence de ces bornes est adaptable par des applications, on veut optimiser la charge de la voiture selon le tarif de l’électricité ou le reste de l’énergie disponible des panneaux photovoltaïques. Les services évoluent, comme la V2X qui est la possibilité qu’ont les voitures à pouvoir redonner leur énergie à la maison ou au réseau. Ainsi que d’autres services comme la nouvelle obligation légale d’ajouter des lecteurs de carte de crédit dans les bornes. Est-ce que le budget de R&D limité autour des 5% est la bonne stratégie financière pour affronter ce besoin de développement ?
C’est-à-dire que la R&D doit être pointue sur les systèmes temps réels ouverts, sur les applications de smartphone, sur les services internet pour offrir de l’interopérabilité avec les vendeurs d’énergie et les réseaux de vente de la connexion à la borne publique ou collective, sur l’aide aux tiers ou OEM à développer sur nos offres, ainsi que sur les métiers traditionnels de Schneider sur l’électronique, l’électrique, le design et la facilité de mise en œuvre.
Aussi, n’oublions pas le temps du vendez à tout va, qui s’est retrouvé entravé par la pénurie de composants due au COVID. Avec des usines bloquées nous avons eu des articles non disponibles, sans information sur leur réapprovisionnement !
Au bilan, nous arrivons au même constat que la direction, nous n’y sommes pas !
Et depuis un an, c’est le temps du Brand labelling, tout pour Star Charge !
Que vont devenir nos équipes et nos ouvriers sur les chaînes de montage ?
Par rapport à l’état d’avancement du projet, il est encore trop tôt pour savoir ce que vont devenir exactement les personnels liés à cette activité ainsi que nos prestataires et sous traitants. C’est un point d’inquiétude et la CFDT va veiller au statut de ceux qui seront intégrés dans cette joint-venture, ainsi qu’aux équipes qui produisent notre offre EvLink AC Pro à l’usine des Agriers Angoulême, ou à celles qui vont développer une application sur Magelis et effectuer les mises à jour, sur le site de Privas. Ces équipes resteront dans GSC (Global Supply Chain).
La nouvelle entité sera une filiale de SEI à 51%, c’est-à-dire qu’elle sera pilotée par Schneider Electric, et sous la convention collective de la métallurgie. La majeure partie des avantages seront conservés aux employés en France. Nos collègues de Schneider Electric se verront changer d’entité tout en restant dans le groupe, et les personnels de Star Charge qui les rejoindront, intégreront le groupe avec ce même statut. La nouvelle entité aura cependant bon nombre d’accords à négocier …
Pour la partie commerce, beaucoup reste à faire avec les nouveaux acteurs du marché ! L’offre est mieux étoffée et vendable de suite. Le commerce en Europe pourra bénéficier de prix directs de la joint-venture. Pour le reste du monde, il y aura comme habituellement chez Schneider Electric, l’évaluation d’un prix de cession.
Pour la partie progiciel de gestion d’entreprise, il y aura un peu d’adaptation, mais le souhait est de ne rien changer pour les utilisateurs (vision interne Schneider Electric).
Pour la partie propriété intellectuelle, il y aura un partage des brevets et un partage du code source. Le CTO de l’entité sera nommé par Star Charge.
Les équipes s’interrogent également sur le niveau de qualité des logiciels intégrés à la borne sont-ils d’une qualité suffisante, répondent-ils au niveaux de cybersécurité préconisés par Schneider Electric? Suite à une année de brand labelling, il est trop tôt pour jauger le niveau du support et sa réactivité ; quand il y aura des problème clients serons-nous au niveau pour nos clients?
Pour tout ce qui est des équipes finances, le contrôle restera sous Schneider Electric. Nous nous interrogeons sur les contraintes de rentabilité qui seront imposées à cette entité. Sommes nous prêts à gagner un peu moins d’argent dans un premier temps ?
La CFDT ne manquera pas de vous informer sur la suite de ce projet ! Aussi, beaucoup de choses ne sont pas encore définies et il reste beaucoup à faire, notamment la construction du futur CSE !
La CFDT espère qu’avec cette joint-venture, la réindustrialisation en France se concrétisera !
Les Chinois mettent leurs technologies à disposition, mais sommes-nous suffisamment armés et disposés à nous les approprier ? En effet, nous nous interrogeons sur la volonté de la direction à investir suffisamment dans les centres de R&D à la hauteur des enjeux !
La CFDT interpellera la direction sur les questionnements que vous nous avez déjà transmis ou que vous nous transmettrez.